Depuis quelques temps cette chanson me trotte dans la tête… Je me demande bien pourquoi. Oui, je sais, plus d’un an sans poster un article de tout juste deux lignes… Je voudrais vous y voir, avec un gamin, un chien, et un stuff même pas encore en 10.9 dans The Secret World.
2014, l’année des jeux de con
Tout le monde l’aura compris, 2012 a été l’année de The Secret World, et 2013 l’année de, euh Secret World aussi. Tandis que la sortie de The Elders Scrolls Online approche et que je me demande si je vais trouver le temps d’y jouer un peu pour voir ma guilde (ça va être dur, il me reste des tonnes de choses à farmer dans le monde secret…), il y a des jeux pour lesquels, curieusement, je n’ai aucune difficulté à libérer un peu de mon temps.
Alors d’un coté, il y a le très attendu Stick of Truth, dernière émanation vidéoludique de la franchise South Park, mais il y a aussi un Ovni absolument merveilleux qui m’a permis de vivre un de mes fantasmes les plus fous. Qui n’a jamais rêvé secrètement, on voyant une chèvre semer la terreur sur l’autoroute, d’être rien qu’un instant cet animal terrifiant plutôt qu’un simple être humain. Ah, faire sauter des stations services, casser les jambes des piétons, détruire voitures et camions et mettre sans dessus dessous les maisons des voisins… quel bonheur que la vie d’une chèvre. Quelle liberté… Vivre ce rêve est désormais possible grâce à Goat Simulator, excellent jeu qui non seulement permet d’assouvir nos bas instincts sans nous prendre au sérieux (comme c’est malheureusement le cas dans les GTA depuis l’arrivée de la 3D), mais nous rappelle également une vérité fondamentale: certes, ça parait facile quand on en voit une passer le mur du son au dessus de notre tête, mais piloter une chèvre, c’est vachement difficile, et je ne parle même pas de l’atterrissage.
New Model Army, Paris Christmas Show 2013
Comme toujours, New Model Army a donné hier soir le meilleurs concert de tous les temps. C’était un vrais bonheur de les revoir. Certes, on pourrait regretter la présence d’autres personnes dans le public, m’empêchant de profiter tranquillement du concert tout seul au premier rang, comme lors du légendaire concert de Vitry-le-François. J’imagine cependant que le groupe ne serait pas tout à fait du même avis (« Vous vous en souviendrez… nous aussi » avaient-ils dit à l’époque aux trois pelés et demi constituant le public), donc je ne dirais rien.
On a néanmoins pu profiter, étant arrivés assez tôt, d’une excellente place au balcon qui nous a permis de ramener deux videos des rappels et quelques photos. Certes, les vidéos sont pourries, et pas mal de photos sont floues, mais c’est tellement bon de ramener un petit souvenir d’un moment aussi génial. Pour ceux que ça intéresse (euh, personne parmi les lecteurs de ce blogs, s’il en reste, j’imagine) sont ici.
There’s a bit of magic in everything, and then some loss to even things out
Lou Reed est mort hier, comme ça, sans prévenir. Après nous avoir donné des nouvelles rassurantes suite à sa greffe du foie, alors qu’il recommençait à faire des projets, le Rock’n Roll Animal est parti, sans même que j’ai eu l’occasion de le voir une fois sur scène.
J’imagine que tout le monde ne va pas pleurer le personnage mégalomane et antipathique qui insultait les journalistes et conchiait ses collègues artistes à longueur d’interview. En tant que très grand fan, j’avoue ne pas avoir grand chose à dire pour sa défense sur ce point là. Seulement il y a l’homme, et il y a l’œuvre, et cette dernière représente quelque chose de fondamental pour moi.
Les morceaux de Lou Reed font partie des choses qui m’ont accompagnées pendant des années, dans les meilleurs comme dans les pires moments, et qui se sont tellement mélangés avec des morceaux de ma vie que j’ai parfois l’impression qu’ils m’appartiennent. J’ai hésité un moment à écrire un de mes pavés imbuvables sur sa carrières, ses transgressions, les portes qu’il à ouvertes, etc. Et puis en fait, non. Le plus important, je crois, c’est juste de dire que quand les œuvres de quelqu’un nous ont accompagné tellement longtemps, qu’on a eu une relation tellement intime avec elles, on a forcément l’impression qu’un petit morceau de nous s’en va avec l’auteur.
Au moment de choisir avec quel morceau illustrer cet article, j’ai longuement hésité. Rien ne dépasse l’impression que m’ont fait le Velvet Underground et les premiers albums solo de Reed dans ma jeunesse. En même temps, Reed était furieux d’entendre les journalistes comme le public ramener sa carrière encore et encore à cette époque, alors qu’il avait commis tant de choses dignes d’intérêt depuis. En guise de compromis, il reste la recréation en live de l’album Berlin (1973), effectuée en 2006, durant laquelle les époques se télescopent pour se réinventer mutuellement et donner naissance à quelque chose de nouveau. Dans ces morceaux, on mesure à la fois le chemin parcouru par l’artiste et la puissance évocatrice du mythe qui entoure ses début.
Sur ce, il ne me reste plus qu’à dire adieu à celui qui me chantait Ride Into The Sun quand j’étais gamin et que je me sentait seul le soir dans ma chambre.
Mirage Men, première au festival Fantastic Fest en septembre
Mirage Men, avant d’être un film, était un livre de Mark Pilkinton. Il devait pourtant s’agir d’un film depuis longtemps mais les auteurs ont visiblement eu le plus grand mal à concrétiser la chose et c’est bien dommage. Le bouquin (je parle bien entendu du bouquin puisque le film n’est pas sorti, mais je ne vois pas pourquoi ce ne serait pas tout autant jubilatoire à l’écran) est à mon humble avis une pure merveille.
Il ne s’agit ni d’un livre de soucoupiste plus ou moins barré défendant la thèse extraterrestre à propos des OVNIS, ni d’un exposé sceptique destiné à démonter au cas par cas une série de témoignages. Il aurait (presque) pu s’agir d’une étude sociologique du milieu ufologique américain, mais la démarche relève trop du journalisme gonzo pour ça. Il pourrait s’agir d’un historique de l’implication des services secrets dans le phénomène OVNI si l’auteur passait moins de temps à décrire ses pérégrinations au milieu des allumés de la soucoupe et un peu plus à donner des références précises concernant ses sources. Au final, bien peu des thèses développées sont assez étayées pour être vraiment vérifiable. De toutes façons, si la CIA, l’AFOSI ou je ne sais quel autre organisme s’est amusé à voler des vaches en hélicoptères pour les disséquer, il est fort probable que la chose reste confidentielle. Il est bien entendu que selon toute probabilité, très peu des hypothèses abordées sont fondées, même si le postulat de base (les services secrets ont utilisé au moins occasionnellement le phénomène OVNI et les zozos qui tournent autour comme outil de désinformation) est vraisemblablement juste.
Tout ça, on s’en fout, puisque c’est le ton, les personnages truculents et le coté justement délirant des histoires abordées qui font tout le charme du bouquin. Il en résulte une ambiance vraiment réussie, toujours hésitant entre le comique, l’inquiétant et le carrément délirant, qui ne peut que procurer au lecteur quelques authentiques moments de doute s’il veut bien se laisser faire (le temps de la lecture, bien entendu). Le tout en tout bien tout honneur, l’auteur reprenant régulièrement une position raisonnable et admettant que finalement, est-ce que tout ça a un fond de vérité ou non, on n’en saura jamais que pouic. Mirage Men est un hommage au post modernisme, mais l’exercice est également réalisé avec le minimum syndical de recul, et ça, c’est salutaire. Au final, tout ça se lit comme un bon polar, et le sceptique que je suis n’a hurlé au scandale qu’une dizaine de fois à tout casser.
Alors bien sur, je ne vous suggère pas de vous tapper un bouquin en anglais (encore que, pour certains, ça devrait pouvoir se faire), mais si vous avez l’occasion de voir le film (aucune idée du format sur lequel il sera visible en France, probablement télévisuel sur une chaine paumé du cable, si seulement il arrive jusqu’à nous), n’hésitez pas.
Remigiusz Michalski strikes back
Pour ne pas changer, cette nouvelle ne va intéresser personne. Entre ceux qui ne lisent pas l’anglais, ceux que les jeux vidéo n’intéressent pas et celui qui ne va même pas s’y intéresser parceque les graphismes ne roxxent pas du poney et qu’il faut réfléchir, il ne va pas rester grand monde pour acheter ce jeu.
Pourtant, The Cat Lady déchire sa race. Il déchire tellement sa race que c’est à peine si on peut le lâcher une fois qu’on l’a commencé. Remigiusz Michalski, c’est un peu le fils de David Lynch et de Clive Barker qui serait devenu auteur de jeux d’aventure. A grand coup de crayon noir, de feutre rouge et de lignes de code, il anime des mondes surréalistes ou l’étrange le dispute au malsain.
Tout ceci pourrait rapidement tourner au délire splatter punk psychédélique mais dans les jeux de R. Michalski, l’horreur est rarement gratuite. Et si les scènes qui sont dépeintes ne sont pas plaisantes à regarder, le sentiment de dégout qui vous travaille en errant dans ces univers est avant tout provoqué par les personnages qui y évoluent. Pas uniquement pas ce qu’ils font mais aussi et surtout par ce qu’ils sont, par leurs motivations, leur logique, leur personnalité. Et au fils des heures, alors que vous plongez plus pronfond dans cet univers, c’est vous, votre personnage et vos propres choix qui deviennent source de malaise.
Susan Ashworth vit seule dans un appartement sordide, humide, à la limite de l’insalubre. Elle n’a pas de travail, pas d’amis, hormis ces chats qui lui rendent visite lorsqu’elle joue du piano. Susan Ashworth s’ennuie, est triste, hantée par un passé dont elle ne parle jamais. A qui en parler de toutes façons, quand vos conversations se limittent aux engeulades avec les voisins de pallier. Susan Ashworth veut mourrir. C’est là que vous la rejoignez, pour l’accompagner dans la mort et au délà, puis de retour sur terre, investie d’une mission, puisque même de néant se refuse à elle.
Ne croyez pas que la solitude, la dépression et le suicide soient utilisés comme de simples adjuvants à l’horreur ou pour donner un semblant de profondeur à un jeu avant tout axé sur une horreur gore et simpliste. Ces thèmes pas marrants sont au centre du jeu, ils en constituent l’ossature et la raison d’être, et ce sont le sang, la pouriture et la torture qui sont là en toile de fond, comme pour illustrer l’état d’esprit du personnage.
Le jeu est court, un peu linéaire, mais sait vous laisser assez de choix pour conserver une réelle impression de vivre l’aventure. La choses est techniquement très simple, mais les graphismes et les animations possèdent une personnalité propre, qui contribue largement à l’ambiance. C’est pas cher, c’est vraiment très bon, et ça peut s’acheter chez Gog.com, entre autres. Et si jamais quelqu’un venait à l’essayer et à l’apprécier, le premier jeu de l’auteur, Downfall, peut se trouver ici ou encore ici.