Bon, autant commencer par les choses triviales et dire en deux mots que la double IPA I Beat You de la brasserie Mikkeller (Danemark), que j’ai découverte depuis mon dernier poste, s’inscrit avec bonheur dans la lignée des bières dont je parlais il y a un mois. Texture épaisse, forte en alcool, et dose massive de houblons qui vous décape la gueule. Autant j’avais quelques réserves sur les IPAs aux 19 houblons de la marque, autant j’avais détesté leur Stout tourbée, autant je suis devenu inconditionnel de celle-ci.
Mais venons en aux choses sérieuses. Nous sommes tous, autant que nous sommes, à la recherche de la bière qui à la fois sera une expérience transcendantale, comme peut l’être la dégustation d’une Achel triple ou d’une des double IPAs sur lesquelles je m’étale ces temps-ci sur mon blog, et ne contiendra pas la moindre goute d’alcool, parcequ’être saoul tous les soirs à notre âge, c’est mal, mais que quand on a bu une bonne bière, on s’en enfilerait quand même bien cinq ou six autres juste pour le plaisir. C’est la Brasserie du Mont Salève qui m’a offert, pour la première fois de ma vie, une lueur d’espoir dans le domaine. Leur Sorachi Ace Bitter, une bière de soif, légère et très amère, est basée sur un houblon japonais qui ne manque ni de saveur ni de finesse. Légère, très légère en bouche, elle donnerait presque l’impression de boire de l’eau gazeuse tant le malt se fait discret, si le houblon ne venait pas rapidement vous en coller une derrière les oreilles pour vous rappeler que ce que vous enfilez dans votre gosier, c’est bien une binouze, et une fort bonne, d’ailleurs.
La brasserie du Mont Salève contourne donc le problème de la bière sans alcool en levant largement le pied sur le malt, tout en gardant un processus de fermentation qui ne doit pas trop différer de l’habituel, et en chargeant sur l’amertume pour donner de la personnalité à la chose. Et comme le houblon est d’une variété noble et pas une des merdes qu’on nous sert dans la grand distribution, le résultat est absolument fantastique. Bien entendu, à l’heure de l’apéro, on apprécie toujours quelque chose de plus costaud. Mais au retour d’une bonne marche, ou au moment de passer à table (quand l’envie d’une seconde bière vous démange, comme il est coutume après l’apéro), c’est une pure merveille. J’allais oublier de préciser le degrès d’alcool… Ce n’est pas 0, on y est pas encore, mais avouez qu’à deux degrés cinq, on peut quand même s’en enfiler quelques unes sans crainte excessive de sombrer dans l’alcoolisme. Seul problème, comme toutes les bières basées sur un houblon un peu classieux, elle est chère, très chère. Mais honnêtement, quand vous l’aurez goutée, vous aurez du mal à ouvrir une Buckler.