Je n’avais pas de blog quand je suis tombé amoureux de ce film au cinéma, mais je fait de l’avoir revu à la télé hier soir est l’occasion d’en toucher un mot. Je crois que la chose est malheureusement passée un peu inaperçue. J’en veux pour preuve que les bénéfices minables du film ont à priori supprimé toute chance de voir la suite adaptée au cinéma.
Ah oui, au fait, la chose est tirée d’une série de romans pour les gosses, et surfe plus ou moins sur la vague Harry Potter et compagnie. Seulement là ou ledit Potter (par ailleurs très sympa et distrayant à lire/regarder, c’est juste l’équivalent du roman de gare/téléfilm du dimanche soir pour les mioches, et il n’y a rien de péjoratif là dedans) se contente de ressasser quelques truismes moralo-bobo (les nazis sont des pas beaux), là ou Narnia (attendez, je vais vomir) nous sert une allégorie chrétienne sirupo-écoeurante dans un décors en carton, La Croisée des Mondes emmène les gosses sur le terrain glissant du mysticisme gnostique (alors là, on va pouvoir discuter longtemps pour savoir si le mot est bien choisi), de la libre pensée et de la contestation des valeurs morales, et se fait un plaisir d’égratigner l’Etat et de carrément fumer l’église catholique romaine (désolé, j’avais plus de majuscules, j’ai préféré user la dernière pour un mal nécessaire) au passage.
Bien entendu, la version ciné est un peu édulcorée, au point que les mots église et pape ont carrément été retirés, mais croyez moi, même les mômes devraient comprendre de qui on parle. Le tout est traité avec un certain doigté, et on évite de tomber dans la vision fermée et les solutions toutes faites, même si bien entendu, rien n’est jamais innocent dans le domaine et qu’il y a forcément de vrais morceaux de doctrine cachés dans le truc. Attention au passage amis matérialo-communistes, vous risquez de ne pas apprécier plus que ça non plus. Hum, c’est peut être pour ça que le film a eu du mal à trouver son public… Si on commence l’histoire par l’opposition d’un scientifique à une église dogmatique et violente, on prendra très vite un virage qui nous emmènera loin, très loin de toute forme de positivisme.
Bon, comme d’hab, je me demande si j’ai vraiment donné envie aux gens de faire voir ce film à leurs gamins. Mais je vous promet que si vous voulez leur montrer un film ou les méchant sont les flics et les curés et les gentils les sorcières, les universitaires et les gitans, ou on encourage les gamins à défier l’autorité et ou tout code morale est assimilée à une forme barbare de trépanation, le tout présenté dans un enrobage steampunk des plus réussis (a la poubelle Narnia, ses réverbères dans la forêt, ses faunes à ombrelle et ses batailles rangées impliquant 20 personnes à tout casser), sautez sur ce dividi. Grâce à lui, vous pourrez mettre vos enfants sur le bon chemin pour qu’ils puissent un jour chanter avec nous « I am alone: there is no God where I am ». En tout cas, moi, j’ai adoré, et je viens de me commander les bouquins. Je veux absolument lire la suite, quand la petite fille se lance dans une grande quête pour tuer Dieu, immonde tyran parmi les tyran. Taillaut!