Diantre, je ne regarde plus la télé, et je ne suis plus jamais au courant de rien. D’abord, je ne sais même pas qu’Irvine Welsh a écrit une suite à Trainspotting. Et ça date de 2008… Avec ça, je découvre que ses pieds nickelés écossais ont remplacés l’héroïne par la freebase, un truc dont le nom éveille à peine l’ombre d’un vague souvenir dans ma mémoire. Il n’en fallait pas plus pour que je plonge dans Wikipédia pour compléter mes connaissances théoriques en matière de stupéfiant. Et si j’ai bien compris (et là, j’invoque votre idulgence si je dis une connerie, je suis pas réveillé ce matin et ces recherches ont été tout de même un peu vite faites… c’est que j’ai pas que ça à foutre non plus hein, reste 21,5 genstealers à peindre allignés sur le buffet).
D’abord, il y a la Coca. Plante rigolote et énnervante machée par des gens euh… où ça déjà? On s’en fout, on fait de la pharmacologie (en amateur pas trop éclairé, précisons le tellement le mot fait savant), pas de la géographie, là. Produit aux effets modérés et à ce qu’il semble assez peu addictif, on déplore à ma connaissance peu de mort de consommateurs directement liés à sa consommation. Ensuite, il y a la cocaïne, alcaloïde extrait de la plante susnommée afin de permettre aux personnes aisées de l’hémisphère nord de se pourrir les narines en travaillant plus tard. La molécule est exactement la même que dans la plante (on a dit extraite, pas transformée), mais cette présentation permet d’en prendre beaucoup, beaucoup plus, beaucoup, beaucoup plus vite, ce qui est parrait-il beaucoup, beaucoup plus drole, et beaucoup, beaucoup plus addictif. Soit dit en passant, la dépendance à la cocaïne est une dépendance psychologique, tout comme pour le cannabis. Ca m’a surpris la première fois que je l’ai lu, mais ce sont les médecins qui le disent. Il s’agit juste d’une dépendance psychologique très, très forte. De quoi mettre quelqu’un sérieusement hors de lui. Ceci pose pas mal de questions, comme par exemple une dépendance psychologique est-elle toujours préférable à une dépendance physique (question de degrés, non). En ce qui concerne la question de la réelle existance d’une « dépendance psychologique » différente de la physique, je revoie les masochistes aux nombreux ouvrages philosophiques concernant la réductibilité de la dualité matière/esprit… Je doute que ce soit une question intelligente à se poser autrement que pour passer le temps, et mieux vaudrait stopper net le débat en parlant de dépendance cérébrale, pourquoi pas?
Mais je m’égare. Pendant ce temps, les masses laborieuses en voulaient aussi pour leur compte, et on a inventé de leur exporter, comme d’hab, les déchets de fabrication de ce qu’on vent aux riches. On récupère la mélasse qui traine par terre après le tri, on arrose de solvant et à évaporation de ce dernier, il reste des cristaux formés de cocaïne, de traces de solvants, de merdasses diverses et variées, etc, etc. On appelle ça du crack et on le vend joyeusement aux pauvres pour leur permettre de le fumer. La molécule psychoactive est la même que pour la cocaïne. C’est principalement la voie d’administration (fumé, ça monte plus vite, plus haut avec le même dosage, et ça retombe plus brutalement) qui rend cette drogue si dangereuse (et peut être les produits qui trainent dedans, mais les riches sont-ils vraiment logés à une autre enseigne sur ce point?).
Je disais tout à l’heure que la cocaïne était une mollécule non altérée, ce n’est pas tout à fait vrais. Elle a été traitée afin de la stabibiliser: ça serait dommage qu’elle s’évapore dans le sachet. On fixe donc dessus un petit groupe de chaispasquoi (chuis pas chimiste… je ferais peut être donc mieux de me taire, non?) pour empêcher son évaporation. Même combat pour vos médicaments. La plupart du temps, votre cacheton ne contient pas du paracétamol ou autre mais un chlorydrate de la même chose ou assimilé. Ceci pour empêcher que les principes actifs ne se fassent la malle. Et ça embête profondément les riches, qui, comme d’habitude, sont jaloux des pauvres. Ils veulent fumer leur héroïne! Pour celà, il faut retirer le petit groupe d’atomes à la con qui a été fixé sur la molécule de cocaïne. Le procédé est très, très proche de celui utilisé pour fabriquer le crack… en fait, si j’ai bien compris, c’est la même chose. Le résultat n’est ni plus ni moins que du bon crack, ni plus ni moins dangereux que celui qui a fait tomber les cheveux et les dents du mec à qui on vient de donner une pièce dans la rue.
Mais pour le bobo moyen, aucune raison de comparer son poison préféré à celui de son voisin fauché. Le pauvre fume du crack, un sous produit pas cher de la production d’héroïne. Le riche fume de la freebase, une molécule achetée à prix d’or, puis purifiée par ses propres soins (dans un pseudo labo probablement encore pire que celui des traficants qui allimentent la populace). C’est plus pur puisqu’on a retiré quelque chose qui avait été ajouté, non? De nombreux consommateurs de freebase sont à ce qu’il semble totalement ignorants du fait qu’ils fument en fait du crack, payé au prix du produit de luxe, et les médecins s’arrachent les cheveux pour essayer de faire de la prévention.
Alors ok, j’ai souvent dit du mal des campagnes d’informations pas équilibrées sur les drogues, et c’est peut être pour ça que les consommateurs ont du mal à faire confiance aux scientifiques et aux médecins. Ok, la diabolisation excessive de ces produits ne fait rien pour aider les gens à s’en faire une image adéquat. Mais in faudrait peut être aussi de temps en temps que les consommateurs s’achètent deux ou trois neurones et prennent le temps de réfléchir à ce qu’ils font. Alors que nous cherchons désespérément à obtenir de nos dirigeants une politique un peut plus intelligente (selon nos critères, off course :D) concernant les stupéfiant, il est indispensable qu’on essaye de limiter le nombre de conneries dites dans nos rangs. Et à ce niveau, je ne suis pas convaincu, mais alors pas du tout. Entre cette histoire et les Hollandais qui sont longtemps persuadés que LSD=mal car chimique et psylocibine=bien car naturel (avant de se rendre compte dans des circonstances dramatique que ce n’était pas si simple, et de se retrancher brutalement dans une interdiction réactionnaire, pétrifiés qu’ils étaient pas l’étendue de leur erreur), et sans parler d’un avocat, qui m’est par ailleurs souvent sympathique, qui affirmait il y a quelque années qu’un « fumeur modéré de cannabis ne risquait absolument rien » (il était interrogé sur le risque de cancer du poumon, entre autres!!!), je trouve que ça fait franchement peur.
Terminons cet article comme il a commencé, par un diantre, puisque je viens de me rendre compte d’un truc. N’importe quelle personne qui n’a pas 2 de QI se posera une question bien légitime à la fin de mon baratin: pourquoi le crack ne s’évapore-t-il pas? Ah, bah, j’en sais rien mon pauvre vieux, mais cette question est un signe que je n’ai pas tout compris à l’histoire, et que je ferais bien de poursuivre mes recherches sur la question (et vous de prendre ce que je viens de raconter avec pudence). Comme je ne consomme aucun de ces produits, je vais sans doutes m’arrêter là. Le mystère restera entier. Comme seuls mes potes consultent ce blog et qu’ils ne consomment pas non plus ces machins là (à ma connaissance), cet article ne servira probablement pas à grand chose. Mais ça m’a fait du bien de déblatérer un peu sur les beni oui oui de la dépénalisation des drogues, et il est toujours sain de se rappeler que les gens qui défendent les mêmes idées que vous ne sont pas toujours vos amis. Il est toujours bon de savoir pourquoi et avec quels arguments ils défendent ces idées. Personne n’imaginerait de défiler contre le racisme avec quelqu’un qui pense qu’il est mal de ne pas respecter les noirs parceque « ce sont des animaux comme les autres », non? Il serait expulsé, fort justement, de la manif à coup de pompe dans le derche. Alors ceci est un message aux défenseurs de la dépénalisation des drogues, quelles qu’elles soient. Vous ne faites pas confiance aux médecins et aux scientifiques. Ok. Ils vous ont racontés trop de conneries pour vous faire peur. Ok. Sachez qu’ils ne vous prennent pas au sérieux non plus lorsque vous racontez des énormités plus grosses que vous. L’outil vous permettant d’éviter ça s’appelle un sens critique, et il vous permettra aussi d’essayer de faire le tri dans le discours officiel. Ca y est, j’ai déliveré mon message. 3 personnes et demi l’ont lu, et elles n’étaient pas spécialement concernées. Je me sent mieux.