Pour ne pas changer, cette nouvelle ne va intéresser personne. Entre ceux qui ne lisent pas l’anglais, ceux que les jeux vidéo n’intéressent pas et celui qui ne va même pas s’y intéresser parceque les graphismes ne roxxent pas du poney et qu’il faut réfléchir, il ne va pas rester grand monde pour acheter ce jeu.
Pourtant, The Cat Lady déchire sa race. Il déchire tellement sa race que c’est à peine si on peut le lâcher une fois qu’on l’a commencé. Remigiusz Michalski, c’est un peu le fils de David Lynch et de Clive Barker qui serait devenu auteur de jeux d’aventure. A grand coup de crayon noir, de feutre rouge et de lignes de code, il anime des mondes surréalistes ou l’étrange le dispute au malsain.
Tout ceci pourrait rapidement tourner au délire splatter punk psychédélique mais dans les jeux de R. Michalski, l’horreur est rarement gratuite. Et si les scènes qui sont dépeintes ne sont pas plaisantes à regarder, le sentiment de dégout qui vous travaille en errant dans ces univers est avant tout provoqué par les personnages qui y évoluent. Pas uniquement pas ce qu’ils font mais aussi et surtout par ce qu’ils sont, par leurs motivations, leur logique, leur personnalité. Et au fils des heures, alors que vous plongez plus pronfond dans cet univers, c’est vous, votre personnage et vos propres choix qui deviennent source de malaise.
Susan Ashworth vit seule dans un appartement sordide, humide, à la limite de l’insalubre. Elle n’a pas de travail, pas d’amis, hormis ces chats qui lui rendent visite lorsqu’elle joue du piano. Susan Ashworth s’ennuie, est triste, hantée par un passé dont elle ne parle jamais. A qui en parler de toutes façons, quand vos conversations se limittent aux engeulades avec les voisins de pallier. Susan Ashworth veut mourrir. C’est là que vous la rejoignez, pour l’accompagner dans la mort et au délà, puis de retour sur terre, investie d’une mission, puisque même de néant se refuse à elle.
Ne croyez pas que la solitude, la dépression et le suicide soient utilisés comme de simples adjuvants à l’horreur ou pour donner un semblant de profondeur à un jeu avant tout axé sur une horreur gore et simpliste. Ces thèmes pas marrants sont au centre du jeu, ils en constituent l’ossature et la raison d’être, et ce sont le sang, la pouriture et la torture qui sont là en toile de fond, comme pour illustrer l’état d’esprit du personnage.
Le jeu est court, un peu linéaire, mais sait vous laisser assez de choix pour conserver une réelle impression de vivre l’aventure. La choses est techniquement très simple, mais les graphismes et les animations possèdent une personnalité propre, qui contribue largement à l’ambiance. C’est pas cher, c’est vraiment très bon, et ça peut s’acheter chez Gog.com, entre autres. Et si jamais quelqu’un venait à l’essayer et à l’apprécier, le premier jeu de l’auteur, Downfall, peut se trouver ici ou encore ici.
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